19/02/14

Selon une enquête de PwC, 50 % des répondants belges ont été victimes de délits économiques

Le vol et la cybercriminalité sont les types de délits économiques le plus souvent rapportés dans l'enquête de cette année

Les cas de délits économiques envers les entreprises et d'autres organisations sont en augmentation constante à travers le monde. La Belgique, où 50% des répondants ont rapportés des cas de délits, figure notablement parmi les pays les plus touchés en 2014. Elle dépasse de loin la moyenne mondiale (37 %), ainsi que celle de l'Europe de l'Ouest (35 %). Où seules la France (55 %) et l'Espagne (51 %) affichent un résultat plus élevé que la Belgique, si l'on en croit le Global Economic Crime Survey 2014. La cybercriminalité continue d'augmenter. En Belgique, il s'agit du deuxième type de délit économique le plus souvent rapporté, alors qu'au niveau mondial, la cybercriminalité figure en quatrième place. La cybercriminalité n'est pas qu'un problème technologique, c'est aussi un problème de stratégie d'entreprise.

D'après l'enquête mondiale de PwC, la plus vaste étude consacrée à ce sujet, le détournement des ressources d'entreprise demeure la forme la plus fréquente de délit économique (69 % des répondants). Il est suivi par la fraude dans la passation des marchés (29 %), la corruption (27 %), la cybercriminalité (24 %) et la fraude comptable (22 %). Parmi les autres délits rapportés, sont également mentionnés la fraude relative aux ressources humaines, le blanchiment d'argent, le vol de propriété intellectuelle ou de données, la fraude hypothécaire et la fraude fiscale.

La perte directe exacte associée au délit économique reste difficile à chiffrer. 38 % des organisations belges victimes de fraude ont subi un impact financier égal ou supérieur à 100 000 USD. C'est un pourcentage inférieur au résultat mondial de 2014, qui s'élève à46 %. En Belgique, les entreprises sont davantage confrontées à un impact financier de moins de 100 000 USD (59 % en Belgique, contre 47 % dans le monde).

Cette année, pour la première fois, l'enquête mesure également la fraude commise dans la passation des marchés, rapportée par près de 30 % des répondants dans le monde, et par 25 % en Belgique. La fraude dans la passation des marchés est ressentie comme une double menace, puisqu'elle affecte les entreprises aussi bien dans l'acquisition des biens et services que dans leurs efforts pour décrocher de nouvelles opportunités.

En plus des pertes économiques, les répondants belges ont épinglé l'atteinte au moral du personnel (15 %), l'atteinte aux relations avec les autorités de réglementation (6 %) et l'atteinte à toutes les relations d'affaires (6 %) comme autres effets néfastes de la fraude.

« À l'instar d'un virus tenace, les délits économiques persistent en dépit de tous les efforts consentis pour les combattre. Aucune organisation dans le monde, quelle que soit sa taille, n'est à l'abri de l'impact de la fraude et d'autres délits, » constate Rudy Hoskens, PwC Belgium Forensic Services Partner. « Ceux qui se rendent coupables de délits économiques parviennent à leurs fins en s'adaptant aux conditions mondiales changeantes telles que la dépendance à l'égard de la technologie et l'expansion des économies émergentes. »

« Mais plus grave encore que l'impact financier direct du délit économique est la menace qu'il fait planer sur toute une série de systèmes d'affaires qui sont vitaux pour l'activité des entreprises. Le délit économique affecte les processus internes, érode l'intégrité du personnel et entache la réputation, » ajoute-t-il.

Où le délit économique est-il commis ?

Le délit économique est une menace perverse et mondiale. Sur le plan régional, il est le plus fréquent en Afrique, où 50 % des répondants affirment en avoir été victimes, un chiffre toutefois en baisse puisqu'il s'élevait à 59 % en 2011. L'Afrique est suivie par l'Amérique du Nord (41 %), l'Europe de l'Est (39 %), l'Amérique latine et l'Europe de l'Ouest (35 %), l'Asie-Pacifique (32 %) et le Proche-Orient (21 %).

Des répondants de 65 pays ont rapporté avoir subi un délit économique. Les répondants sud-africains rapportent le niveau le plus élevé, 69 %, contre 60 % en 2011. Le délit économique affiche aussi une croissance rapide en Ukraine (63 % contre 36 % en 2011), en Russie (60 % contre 37 % en 2011) et en Australie (57 % contre 47 % en 2011).

L'enquête a identifié huit économies émergentes - le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, la Turquie, le Mexique et l'Indonésie - où 40 % de tous les répondants ont signalé avoir été victimes d'un délit économique, reflétant en partie un glissement de richesses vers ces pays.

Quels secteurs sont les plus affectés ?

Au niveau sectoriel, les délits économiques sont les plus fréquents dans les services financiers, le commerce de détail et le secteur de la communication. Dans le monde, près de 50 % des répondants dans chacun de ces secteurs affirment avoir été victimes d'un délit économique. Les organisations actives dans les services financiers subissent des niveaux élevés de cybercriminalité et de blanchiment d'argent, tandis que le commerce de détail et les entreprises de communication ont été les plus affectés par le vol. Les secteurs de l'hôtellerie et du tourisme, ainsi que le secteur public, rapportent également des niveaux élevés de délits économiques, avec 41 % chacun.

Qui se rend coupable de fraude en Belgique ?

Les délits économiques sont commis, typiquement, lorsque trois conditions sont réunies : la pression de la vie, l'opportunité et une rationalisation personnelle du délit. Selon l'enquête, 26,5 % des participants belges ont répondu que le principal auteur du délit était interne, tandis que 73,5 % d'entre eux ont répondu que le principal auteur était externe à l'entreprise. On distingue toutefois de grandes différences d'un secteur à l'autre. Dans les services financiers, par exemple, près de 60 % des délits proviennent de l'extérieur, tandis que 36 % des cas ont une origine interne.

D'après cette enquête, globalement, le profil type du fraudeur interne n'a pas changé depuis 2011 : le fraudeur type est un homme d'âge moyen (89 % d'hommes et 44 % âgés entre 41 et 50 ans) actif dans l'entreprise depuis plus de 10 ans (44 %) et appartenant au cadre moyen (44 %). Notons que cette année, le niveau de formation de l'auteur paraît réparti de manière égale entre les titulaires d'un diplôme supérieur de premier ou de second degré et d'enseignement supérieur ou de niveau moins élevé.L'enquête de 2011 révélait que le fraudeur belge possédait une formation de niveau secondaire ou inférieur. En outre, alors que l'enquête de 2011 ne faisait état en Belgique d'aucun fraudeur interne au niveau du cadre supérieur, ce pourcentage représente cette fois 22 %, réduisant la proportion des fraudeurs internes parmi le personnel de niveau inférieur (de 44 % en 2011 à 11 % en 2014).

Comment dépiste-t-on la fraude ?

L'enquête a constaté que 55 % des délits économiques sont découverts à la faveur de contrôles d'entreprises tels que le reporting de transactions suspectes, les audits internes ou la gestion des risques de fraude. Les dispositifs d'alerte professionnelle ou les dénonciations représentent environ un quart des délits rapportés, tandis qu'un cinquième environ est découvert par d'autres moyens, tels que l'application de la loi, les médias, ou encore par découverte accidentelle.

L'enquête révèle qu'au niveau mondial, les répondants s'attendent à ce que la fraude économique continue d'augmenter dans presque toutes les catégories. C'est également ce qu'a révélé le 17e Annual CEO Survey de PwC. Au niveau mondial, les CEO reconnaissent également l'impact du délit économique : 50% d'entre eux ont affirmé que le "manque de confiance" est un élément majeur sur le marché, soit une hausse sensible par rapport aux 37 % de l'année dernière. La corruption figure également parmi les principales préoccupations des CEO.

Le top cinq de types de fraudes les plus fréquentes pour 2014 en Belgique se compose de la cybercriminalité, du détournement des ressources de l'entreprise, de la violation des droits de propriété intellectuelle, de la fraude dans la passation des marchés et du blanchiment d'argent.

dotted_texture