73 % des juristes d'entreprise dirigeants pressentent un gain d'influence sur la gestion des sociétés
La profession de juriste d'entreprise connaît une évolution positive quant à la rémunération, soni nfluence au sein des entreprises, l'impact sur les décisions de la hiérarchie, les relations hiérarchiques et les compétences requises. Il faut y voir la conséquence de la législation toujours plus complexe et de l'importance accrue d'une gestion avisée des risques juridiques auxquels les entreprises sont confrontées. La professionnalisation du métier va de pair avec sa féminisation, les femmes étant devenues majoritaires.
C'est ce qui ressort de l'étude ‘Juriste d'entreprise en mouvement: profil, salaires et tendances' menée pour le compte de l'Institut des juristes d'entreprise et USG Legal Professionals auprès de 696 juristes d'entreprise de Belgique. Ils ont été interrogés à propos de leur rémunération, leur satisfaction, leurs aspirations de carrière, leur sécurité d'emploi, leur influence sur les décisions au sein de leur société et l'évolution de la profession.
"La loi de 2000 qui reconnaît la profession de juriste d'entreprise et a fondé l'Institut a amorcé la professionnalisation de notre secteur. Nos juristes peuvent en effet s'appuyer sur le secret professionnel, se référer au code de déontologique de la profession et améliorer leurs connaissances par le biais des séminaires et formations de l'IJE. Ce dernier aspect apparaît indispensable au vu du nombre croissant de réglementations auxquelles sont soumises les entreprises et de l'importance, pour les entreprises, d'une gestion juridique professionnelle", explique Hugues Delescaille, président de l'Institut des juristes d'entreprise .
Féminisation
Le nombre croissant de jeunes femmes terminant des études de droit a des effets concrets sur la féminisation de la profession. Elles représentent 58 % des juristes de moins de 29 ans et sont encore majoritaires jusqu'à 45 ans. Les hommes ne le sont donc plus que dans les tranches supérieures : 60 % pour le groupe entre 46 et 54 ans et 66 % au-delà.
‘Problem solvers'
Sondés quant aux compétences considérées comme essentielles pour l'avenir, près de 80 % des répondants avancent des qualités sur le plan humain : capacité à résoudre les problèmes (32 %), aptitudes en communication (17 %), techniques de négociation et habileté à la gestion de projets (tous deux 11 %), talents commerciaux (8 %). L'importance croissante accordée à ces "soft-skills" révèle le rôle du juriste d'entreprise comme manager ayant une influence concrète sur les processus de l'entreprise.
Impact
Dans près de la moitié des sociétés sondées, les juristes d'entreprise dépendent directement du CEO ; un sur trois siège au comité de direction. De ce fait, ils influencent de plus en plus les décisions managériales. Plus de deux tiers des juristes estiment d'ailleurs que leur influence continuera de grandir au cours des cinq prochaines années. Ils sont de plus en plus fréquemment confrontés à des dossiers et problèmes juridiques épineux. Les entreprises doivent continuellement louvoyer parmi le nombre croissant de lois et règlements ; elles sont soumises à des contrôles plus sévères et doivent assimiler des législations complexes tant au niveau régional que national et international. Ceci requiert une gestion juridique professionnalisée très poussée, ce qui se traduit par un impact croissant du juriste au sein de son entreprise.
Marché du travail volatil
Si la crise économique a ralenti la rotation professionnelle chez les juristes d'entreprise, 43 % d'entre eux reconnaissent malgré tout avoir recherché un nouvel employeur au cours des quatre dernières années - pourcentage encore supérieur auprès des collègues plus jeunes. Près de la moitié (48 %) reconnaissent avoir eu l'intention de changer de patron l'an dernier, sans avoir fait le pas, surtout par manque d'opportunités intéressantes. "Sitôt le redémarrage de l'économie, on peut s'attendre à une plus grande volatilité des juristes d'entreprise. Les patrons ont donc tout intérêt à prendre des mesures pour retenir et motiver leur(s) juriste(s), avant que la guerre des talents n'éclate à nouveau", explique Dieter Honoré, directeur général d'USG Legal Professionals.
Les juristes d'entreprise bénéficient certes d'une grande sécurité d'emploi, mais de peu d'opportunités de carrière ou d'évolution vers d'autres départements. Des pistes existent au sein d'entreprises ayant un département juridique, mais les principales motivations demeurent l'amélioration de la rémunération, la progression dans la hiérarchie (lorsqu'elle est possible), l'équilibre entre stress et pression professionnelle d'une part, influence et prestige au sein de l‘entreprise d'autre part. C'est notamment en raison du secret professionnel que les juristes d'entreprise s'attendent à bénéficier d'une confiance totale et inconditionnelle de leur direction... qui renforce leur implication et leur loyauté. En ce qui concerne ce dernier point, le code de déontologie de cette profession s'avère être une balise fort utile.
Rémunération
Le salaire de base moyen d'un juriste d'entreprise tourne autour de 37 500 € et monte jusqu'à 100 000 € pour les managers de département juridique de 40 ans. Ceux qui siègent au comité de direction gagnent généralement 25 % de plus. Deux tiers des juristes interrogés ont une voiture de fonction et un plan de pension.
Les principales différences au niveau des salaires et des avantages extra-légaux se remarquent entre les secteurs : l'énergie et la pharmacie paient le mieux.
L'enquête n'a révélé quasiment aucun fossé salarial entre hommes et femmes. La rémunération des conseillers juridiques sans responsabilité est identique ; si une différence de salaire entre hommes et femmes subsiste chez les juristes d'entreprise ayant un rôle dirigeant, elle a tendance à s'estomper.
"Le juriste est solidement intégré à son entreprise. Grâce à un statut légal, il en est devenu la personne de confiance. Ceci valorise sa fonction et en fait le gardien de la réputation, de l'éthique et de la vertu de l'entreprise, puisqu'il veille au respect de la législation et des règlements", explique Anne De Wolf, Directeur général de l'Institut des juristes d'entreprise .