« Nous sommes des enfants gâtés de la liberté, notre génération n’a jamais connu les effets de sa privation. Nous sommes en train de bazarder un capital que nous avons reçu en héritage sans réaliser à quel point il est précieux et fragile. L’histoire montre que les restrictions des libertés, une fois qu’elles ont été tolérées, s’étendent et finissent toujours par concerner l’ensemble de la population. Cela n’arrive pas qu’aux autres. »
Ces mots sont ceux de notre confrère Patrice Spinosi, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de Cassation de France, dans une interview publiée par Le Monde le 19 mai 2025, à la suite de la parution de son dernier ouvrage intitulé « Menace sur l’Etat de droit » (Allary Editions).
Résumé par le Monde, le propos de Me Spinosi est qu’au cours des dernières décennies les valeurs fondamentales ont été progressivement grignotées, à la faveur de législations dites d’urgence (antiterroriste, sanitaire, en matière d’étrangers …) et qu’à présent tout est prêt pour une surveillance de fer sur les opposants, museler la presse, combattre les juges, expulser les étrangers : il suffit de pousser à peine plus loin les dispositifs légaux déjà en place.
Finalement, les derniers remparts ne sont-ils pas les instruments internationaux, au premier rang desquels figure la Convention Européenne des Droits Humains ?
Fort probablement et quand je lis la lettre cosignée par notre premier ministre avec d’autres dirigeants européens, j’ai honte et peur !
Et ce n’est pas une question de gauche et de droite : il est des populismes de toutes tendances.
Stéphane Gothot
PRÉSIDENT