Chers confrères,
Inlassablement, il nous faut revenir à la charge.
La fatigue, la tentation de cesser le combat, un sentiment d’impuissance, … Lorsqu’il s’agit de défendre l’état de droit et les droits humains, nous éprouvons tous tôt ou tard ces sentiments.
Pourtant, les ennemis de l’état de droit sont moins ses détracteurs déclarés que tous ceux qui par ignorance, par indifférence, par paresse ou par égoïsme se montrent incapables, ou refusent, de prendre la juste mesure des hautes exigences, des choix douloureux, des sacrifices parfois qu’implique la défense de nos valeurs fondamentales, celles qui constituent le socle d’un état de droit démocratique, d’une certaine conception du vivre-ensemble.
Ils tablent, consciemment ou non, sur l’épuisement, le découragement et la lassitude des défenseurs de ces valeurs fondamentales.
Ils ont tort.
Qu’ils sachent qu’aux côtés des magistrats, des journalistes et de tant d’autres, les avocats n’auront de cesse de continuer à dénoncer les dangers auxquels s’exposent les gouvernants qui ne prennent pas au sérieux leurs propres lois ou refusent de donner les moyens nécessaires à ceux et celles dont la mission est d’en assurer, en toute indépendance et impartialité, la juste application.
L’exemplarité de l’Etat et de ses mandataires n’est pas uniquement un commandement moral mais une condition d’efficacité de sa propre action.
Si celui qui est censé montrer l’exemple, ne respecte plus les lois qu’il a pour mission de garantir, il prend le risque que l’édifice toujours imparfait et fragile d’une société démocratique organisée comme un état de droit s’écroule. Que les hommes et les femmes dont les droits sont bafoués, désabusés et lassés, cherchent la justice hors de la Justice.
Gageons, inlassablement, que nos gouvernants auront la lucidité nécessaire pour comprendre ce péril et le courage de l’affronter.
Qu’ils sachent en tout cas que nous ne baisserons pas les bras, que nous n’abandonnerons pas celles et ceux qui comptent sur nous afin de défendre leurs libertés et droits fondamentaux.
Votre bien dévoué,
Le bâtonnier,
Emmanuel Plasschaert
